Biographie
Emmanuelle Tartas est née au Sénégal en 1967 et y a passé sa petite enfance.
Elle réalise un travail de sculpture en lien avec la partie africaine de son histoire, en utilisant la mémoire sensorielle du corps, explorant des thèmes comme l’exil/la séparation, les racines/ l’identité… et nous interroge plus largement sur la colonisation, le racisme, l’intolérance...
Elle est aussi art-thérapeute et propose des ateliers d'expression artistique au cours desquels elle accompagne des personnes de toutes conditions dans une démarche plastique d’expérimentation créative et/ou de développement personnel.
Par ces deux engagements, elle vise à susciter des questionnements, des inspirations et une transformation chez les personnes sensibles à la dimension humaine de l’art.
Après une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts, auprès de Pierre Lafage et Jan Vuijk, à Bordeaux, et un passage par l’illustration (formation à l’image narrative auprès de Joseph Béhé, créations pour le magazine Solidarité Juniors et pour l'édition jeunesse), elle collabore une dizaine d’années avec la Galerie Art Home Déco. Puis elle apprend le modelage auprès du sculpteur Jean-Louis Ricaud et obtient une certification en art-thérapie délivrée par le centre Créatéca. Intéressée par la problématique de la connexion au corps, fondement de ses recherches artistiques, elle expérimente la danse thérapie auprès de Babette Gazeau et la danse sénégalaise avec Khady Sarr, danseuse et chorégraphe. En 2021, elle collabore avec l’artiste photographe togolais Jerry Doe Orlando.
Membre de l’association des Ami(e)s du Sahel qui met en avant les actions culturelles et artistiques de la diaspora africaine à Bordeaux, elle est également adhérente à la Maison des Artistes.
Démarche artistique
Le travail d’Emmanuelle Tartas nous transporte en Afrique, dans le Sénégal postcolonial de la fin des années 60. L'utilisation du fil rouge et de couleurs de terre (latérite), un univers personnel de motifs métaphoriques, de masques, de personnages fantastiques et autres figures expressionnistes, nous transportent dans un rêve où cohabitent nostalgie de l’enfance et questionnement sur l’exil, l’identité et l’impact colonial.
L’expression forte d'une histoire personnelle renvoie au travail de Louise Bourgeois tandis que l’utilisation détournée des matières textiles nous entraîne dans le sillage d’Annette Messager. Enfin, c’est au mouvement Figuration Critique que se rattache naturellement son travail car, comme l'écrivent les fondateurs du Salon en 1978 : “C’est que nous poursuivons le rêve d’un art puissamment figuratif et qui nous engagerait dans une lutte progressivement émancipatrice… “
Les techniques classiques confrontées à une utilisation brute des matières comme la terre, le plâtre, la filasse se posent en symbole de ce qui serait une double identité, occidentale et africaine. Les pigments purs, symbolisant la terre et la latérite, mêlés à l’huile de lin et appliqués au doigt ou à la brosse dure, s’entrechoquent avec l'argile pour créer des matières vivantes.
Devant l'œuvre, le spectateur fait l’expérience transformatrice et réparatrice de la connexion à la mémoire sensorielle du corps.